Monténégro – Albanie 

L’arrivée au Monténégro

Le passage de la douane entre la Bosnie et le Monténégro se fait rapidement et sans problème. Nous arrivons dans un pays bien montagneux et longeons l’Highway M6 direction Nikšić, la seconde plus grande ville du Monténégro. La route est calme et les camions nous dépassent avec de la marge. A peine arrivé à Nikšić, nous recherchons un endroit pour dormir et nous approchons d’une ghesthouse. Le propriétaire nous dira qu’il est complet mais nous conseillera quelques autres endroits où passer la nuit, tout en nous disant : si vous ne trouvez rien, revenez chez moi et je vous trouverai quelque chose ! Après une bonne nuit et une rencontre avec trois français qui sont en route à vélo pour la Grèce, nous reprenons la route direction Podgorica. Les paysages montagneux sont magnifiques et nous amènent proche du monastère d’Ostrog. Les falaises autour du monastère, longues de plusieurs kilomètres, ne comportent pas encore de voies d’escalade et ont un énorme potentiel. Le sol est également parsemé de blocs laissant aussi de belles opportunités pour les bloqueurs ! Ce bref aperçu nous montre une chose : lors de notre traversée de la Bosnie, nous avons été étonnés par le potentiel quant à l’ouverture de nouvelles falaises ; mais le Monténégro jouit d’un potentiel tout autant énorme et est encore moins développé ! Après avoir passé quelques heures à discuter de possibles nouvelles lignes à équiper le long de notre trajet, nous arrivons rapidement à Smokocać, un canyon à 5 km de Podgorica où se concentre la majorité des voies d’escalade du pays.

Il est temps de retoucher du rocher à Smokovac

La grimpe au canyon de Smokovac a été développée il y a quelques années et l’endroit est malheureusement devenu moins sauvage avec la construction d’une autoroute au fond du canyon. Nous retrouvons Delphine et Dilan, deux amis suisses, puis rencontrons deux français : Flo et Etienne (venus pour poursuivre le développement de la grimpe au Monténégro). Des amis du festival d’escalade de Banja Luka sont également présents et nous nous retrouvons comme une petite classe dormant à l’auto-camp Titograd. Le propriétaire, Fikret, fera tout pour que nous nous sentons bien en nous offrant plein de nourriture locale ! Bien que le lieu ne soit pas très charmant (au fond de vallée, proche de l’autoroute et à l’ombre le matin), nous nous sentons en bonne compagnie et sommes surtout à 20 min à pied du secteur de grimpe !

La falaise comporte peu de voies faciles et devient intéressante à partir du 6b/6c. Elle propose de la grimpe déversante et sur colonnettes allant jusqu’au 8b+. Des colos, des colos et encore des colos… c’est un peu le paradis quoi ! Les voies sont magiques et nous pouvons profiter d’une fenêtre météo de 4 jours pour y grimper. Notre objectif n’étant pas de nous mettre un projet mais de découvrir cette falaise, nous nous concentrons à grimper un grand nombre de voies dans le 6ème et 7ème degré et se familiariser avec ce style en 3 dimensions.

En route pour l’Albanie à travers les paysages du Monténégro

Après 4 belles journées, la pluie n’a pas manqué son rendez-vous et semble décidée à s’installer quelque temps. Ne voyant pas d’amélioration à court terme, nous nous décidons à prendre la route direction le sud et l’Albanie. Nous partons donc sous la pluie. Vous l’aurez peut-être remarqué au fil de nos articles, nous nous trouvons souvent à vélo lorsqu’il pleut. La raison est assez simple : s’il fait beau, nous pouvons grimper et en profitons. S’il pleut et qu’il n’y a pas de secteurs à l’abri, nous prenons la route pour pouvoir grimper au plus vite au beau. Cela nécessite de pédaler plus souvent sous la pluie, mais les paysages restent très beau. Nous pouvons aussi compter sur le bon matériel de pluie de Norrona qui nous permets de pédaler au plus sec possible ! La sortie de Podgorica ne se fait pas sans surprises et nous crevons 3 fois : un bout de verre, une agrafe et… une épine ! Nous n’avions plus crevé depuis la France, mais cette fois nous faisons le combo ! Après avoir effectué les réparations nécessaires, nous longeons la rivière Crnojević, sauvage et magnifique, avant de longer le lac de Shkodar. La brume, la pluie et les très rares rayons de soleil forment un paysage magnifique ! Au bout de deux jours et après avoir récolté quelques châtaignes, nous arrivons à la frontière avec l’Albanie.

L’Albanie, un autre monde

A peine passé la frontière, nous remarquons que nous arrivons dans un autre monde, un monde qui a l’air de partir dans tous les sens, mais qui a l’air de bien fonctionner, d’être drôle et surtout vivant. Un monde où nous allons nous plaire ! Sur la route, nous croisons à nouveau des vélos (d’une autre génération, mais ils tiennent sur deux roues). A leur bord, des locaux nous saluent avec de grands sourires. Ils transportent tout ce qui est possible : nourriture, bouteilles de gaz, animaux… Certains se déplacent avec leurs ânes, d’autres avec leurs dindons, se promenant avec eux tel un berger dans les alpes suisses. Les centres commerciaux sont rares et tout se trouve et s’achète le long des rues : fruits, légumes, poules, cochons… Bien que la nuit tombe vite, nous décidons d’aller jusqu’au camping Dajti, à la sortie de Tirana (la capitale).
Nous contournons la ville vers 17h, lors de l’heure de pointe. L’itinéraire le plus direct passe par les banlieues, loin des zones cyclables qui longent les routes principales menant au centre-ville. Nous nous retrouvons rapidement au milieu d’un « chaos », mais qui semble très bien fonctionner. Des enfants courent après nous à pied, essayant de toucher nos sacs. Bertrand, qui n’aime en principe pas les traversées de villes à vélo, ne s’est jamais senti autant à l’aise : peu importe ce qu’il fait, même s’il part à contre sens, personne ne lui fera de remarque car chacun se déplace comme bon lui semble. Il y a certes des règles, mais elles sont là car il « doit » en avoir et non pour être respectées. Il est alors normal de prendre un rond-point à contre sens ou de monter sur le trottoir avec son vélomoteur.

 

Brar, une falaise de mutante, tout comme le camping Dajti

Nous nous installons au camping Dajti et sommes accueilli par Mirra et sa famille. Elle nous explique rapidement qu’en dormant ici, nous avons accès à tout ce qui se trouve autour de la maison : le potager avec ses légumes (oignons, poivrons, poireaux), les œufs frais des poules se baladant chaque matin entre les tentes et le lait frais des deux vaches se baladant également autour des tentes.

Le soir, nous retrouvons nos amis vaudois Dilan et Delphine pour grimper avec nous à Brar les prochains jours. La falaise est imposante : quand nous la voyons, nous restons bouche bée à la regarder et à la contempler. Elle est complexe, déversante… bref, tout ce qu’il faut pour une falaise de haut niveau ! Elle a encore un grand potentiel et a déjà quelques voies bien connues, comme The Dream, un 9b équipé par Adam Ondra dont la seule et première ascension fut réalisée par Seb Bouin. Il reste beaucoup de projets dans la falaise dans le 8ème degré. Avec une orientation sud, il fait vite chaud la journée mais nous pouvons tout de même grimper de belles voies et se poncer les doigts à pincer des colonnettes.

Parallèlement à la grimpe de Brar, nous planifions la suite de notre itinéraire car nous devons faire face à quelques imprévus liés à la crise sanitaire :

  • Il ne nous est pas possible d’obtenir nos visas pour les USA auprès de l’ambassade à Athènes et nous devrons aller à Istanbul pour espérer les obtenir.
  • La traversée par la mer entre Kalymnos et la Turquie, bien que longue que de 8km, est impossible actuellement car toutes les liaisons maritimes entre la Grèce et la Turquie sont interrompues.

Pour faire face à ces deux problématiques, la solution est de passer par les terres jusqu’à Datça, notre première destination en Turquie. La distance passe de 8km à… 2’000 km ! Ces imprévus nous laissent dans un dilemme :

  • Rester à Brar, comme prévu, au risque de devoir grandement modifier la suite de notre trip.
  • Partir plus rapidement en Grèce et en Turquie afin de tenter notre chance à Istanbul pour les visas et traverser la frontière turque par les terres.

Nous prenons la 2ème option pour nous mettre toutes les chances de notre côté d’obtenir les visas américains tout en nous laissant la possibilité de rejoindre la Turquie en EcoPoint (vélo, pieds, transport public…)! Nous ne voulons également pas réduire le temps que nous passons en falaise et remplacerons la grimpe prévue en Albanie lors de nos semaines en Grèce et en Turquie. 

De Brar à la frontière grecque

Nous quittons Brar en retraversant Tirana, mais cette fois-ci en suivant les grands axes et ses lignes cyclables, pour arriver avec quelques semaines d’avance en Grèce, dans le Péloponnèse. Une longue étape d’environ 1’000km est au programme, avec… devinez quoi ? Du soleil de prévu ! Nous décidons de ne pas suivre l’itinéraire le plus rapide et de faire quelques détours afin de visiter l’Albanie et la Grèce. Nous prenons la direction de la côte et nous arrêtons manger un byrek accompagné de yoghurt le long de la route. Nous faisons attention aux nombreux trous sur la route qui correspondent à l’emplacement de grilles enlevées par des locaux pour gagner de l’argent ! Ce ne sont donc pas des petits trous ! Notre premier objectif est le parc national de Karavasta. Cette lagune est un écosystème important pour plus de 250 espèces d’oiseaux, dont les pélicans frisés que nous aurons la chance d’apercevoir. Après ce petit détour le long de la mer, il est temps de retrouver les montagnes en passant par la ville de Berat. Fondée il y a plus de 2’500 ans, elle est connue sous le nom de la « ville aux mille fenêtres ». Après cette petite halte mêlant histoire et nourriture albanaise, nous remontons la vallée en longeant le canyon Osumi. Ce petit canyon est un bijou, tout étroit avec de belles falaises. Afin d’atteindre notre dernier objectif en Albanie, il nous faut relier l’Osumi Canyon à la vallée de la Vjosë, où se trouve les sources « chaudes » de Permët. La montée au col n’est en principe pas conseillée pour les vélo-voyageurs, mais nous décidons tout de même de l’emprunter. La route en terre nous amène à travers des paysages magnifiques, désertiques et la montée, bien qu’épuisante, en vaut la peine ! Peu avant le sommet se trouve un tout petit café, qu’on appellera le café du bout du monde ! Nous nous arrêtons pour nous redonner des forces avant la descente. C’est à ce moment qu’on se rend compte de la chance que nous avons eu : l’état de la descente est catastrophique. Pour descendre, cela va, mais si nous étions tombés face à cela à la montée, nous n’aurions probablement pas fini au sommet avec nos vélos et notre matériel ! Nous arrivons dans la vallée de la Vjosë, dernière rivière naturelle d’Europe et faisons un jour de pause à Permët pour aller se baigner dans les sources chaudes de Benje. Plus que 30km nous sépare de la frontière grecque (et du Tzaziki !).

Kontakt: info@theotherwayaround.ch