Canada 

Arrivée en Amérique du Nord

Après une petite portion de chance avec l’obtention de nos visas US, nous avons réorganisé notre itinéraire à la suite d’une arrivée plus tardive en Amérique du Nord. Arrivés à Vancouver le 13 avril, nous sommes heureux de pouvoir mettre notre tente dans le jardin de Gabrielle après une longue journée de 33 heures. Nous restons quelques jours afin de visiter la ville : Granville Island, Stanley Park, Steam Clock Tower ou encore la forêt pluviale proche de l’université. Nous en profitons pour bien manger et faire le plein de ressources avant le début de l’aventure en Amérique du Nord. C’est pour nous deux notre première fois sur ce continent et nous sommes impatients de pouvoir le découvrir !   

 

La reprise du pédalage (Vancouver – Penticton)

Nous donnons les premiers coups de pédale sous le soleil à travers les maisons familiales de Burnaby et Coquitlam. Jardin après jardin, pickup après pickup, nous arrivons à la sortie de la ville. Nous voyons de plus en plus de panneaux informatifs sur la faune sauvage et comment se comporter dans le pays des ours, mais nous devrons encore pédaler 3 jours à travers la Fraser Valley avant de rejoindre les montagnes. La première nuit, nous pouvons mettre notre tente devant une ferme qui cultive des courges. On nous offre des boissons, des hotdogs, des donuts et même un bon petit déjeuner le lendemain. L’accueil canadien est incroyable ! Nous apprenons rapidement pourquoi les forêts sont aussi belles, toutes moussues et très vertes : lorsque la pluie s’installe, elle a de la peine à repartir. Entre pluie et soleil (mais surtout de la pluie), nous poursuivons notre route jusqu’à Hope et dormons à nouveau dans une ferme, mais cette fois à l’abri dans l’étable des vaches où nous pourrons sécher nos affaires. Nous comprenons très vite que tout est plus grand : les distances, les voitures, les routes, même les trains sont très… très longs ! Peu avant Hope, nous comptons 193 wagons…

Après une demi-journée de pause, il est temps de quitter la civilisation pour les 150 prochains km à travers le Manning Park. Nous sommes étonnés à quel point la nature est sauvage : pas de village (sauf un lodge au milieu du parc), les rivières ne sont pas irriguées et les forêts sont parsemées d’arbres couchés dans toutes les directions. Lorsque nous regardons la carte le matin, nous nous disons : ah, la journée va vite passer, la route va tout droit, ça tourne à gauche, puis à droite, et nous arrivons… mais au bout de quelques heures, tu te demandes toujours quand le premier virage va arriver et tu comprends à quel point les distances changent de l’Europe. Lorsque nous quittons le Manning Park, l’hiver est revenu. Nous laissons les cols derrières nous, la neige se transforme en pluie avec une alternance de grêle et nous fêtons le retour de la civilisation à Princeton avec un bon burger avant de continuer la vallée et trouver un endroit pour planter la tente. Le dernier jour pour atteindre Penticton est ensoleillé et la flore commence à changer. Nous arrivons dans une région plus sèche où nous avons prévu de rester quelques jours pour grimper à Skaha Bluff. Apparemment, c’est LE spot canadien pour grimper au début du printemps.

Escalade à Skaha Bluff

Nous restons au camping Burbery Green, situé sur le long du lac avec une magnifique vue sur les falaises de la rive opposée. Comme à chaque fois, nous faisons un jour de pause après une longue étape de vélo avant de commencer la grimpe. Cela nous permet de récupérer et de s’organiser pour les jours à venir (nourriture, topos d’escalade…). Mais ce qui était inattendu était une visite chez le dentiste : Bertrand doit enlever ses dents de sagesse. Avec de la chance, c’est moins urgent qu’en France, mais une dent sera enlevée à Penticton tandis que les deux suivantes seront au programme de Calgary. Avec un rétablissement rapide de Bertrand, nous pouvons quand même grimper 6 jours à Skaha Bluff ainsi que passer quelques jours pluvieux dans une petite salle de bloc.

Notre camping est assez éloigné des secteurs de grimpe, ce qui nous donne un accès d’1 heure de vélo + le temps de marche, qui varie entre 30 et 45 minutes. En moyenne, nous passons 3 heures par jour pour les accès et nous nous retrouvons un peu plus fatigués pour grimper. Les falaises de granite, pleines de fissures et de réglettes (petites prises horizontales) sont magnifiques. Nous pouvons faire de l’escalade traditionnelle (nécessite de poser des protections amovibles au fur et à mesure de la montée) et des voies sportives, toutes plus belles les unes que les autres, entre le 6a et le 7c. Le retour à l’escalade traditionnelle pour Bertrand est assez drôle : lorsqu’il prend un Camalot (protection amovible) qui n’a pas la taille adéquate du premier coup, il arrive qu’il le jette en bas sur le sac à corde car ça l’embête de le raccrocher au baudrier pour prendre une taille différente… puis il continue de grimper sans poser de protection… avant de retenter le coup quelques mètres plus haut.

La faune est bien différente et nous voyons plusieurs serpents (Goffersnake et serpents à sonnettes) et beaucoup d’oiseaux, dont les California Quails (ils ont une petite antenne sur la tête qui bouge en avant et en arrière quand ils courent). Après une dizaine de jours, le mauvais temps arrive et nous nous remettons en route direction la Bow Valley, vers Canmore. 

De Penticton à Revelstoke via le Kettle Valley Trail

Nous partons sous la pluie après avoir mangé une Cinnamon Bun (pâtisseries à la cannelle vraiment très… très bonnes !). La forêt sous la brume est magnifique et nous longeons le Kettle Valley Trail. Plus nous montons, plus la pluie devient forte et plus le chemin devient compliqué. Il est en partie en sable et nous nous enfonçons de plus en plus, ce qui rend notre progression relativement lente. Sur les derniers km, nous aurons même de la neige sur le chemin. Nous arrivons à Chute-Lake à 19h après avoir fait seulement 50 km… Nous aurons le luxe cette nuit d’avoir le droit à une tente « Glamping » et pouvons faire sécher nos habits en les suspendant à notre corde.

Le lendemain, le soleil revient juste à temps pour le café. Nous suivons le chemin avec une vue magnifique sur la vallée avant d’arriver au Mira Canyon et sa multitude de ponts. C’est ici que nous rencontrons pour la première fois les « Chipmunks », de petits rongeurs super curieux et apparemment plus embêtants que les ours en camping sauvage (ils peuvent ronger les sacoches à vélo d’une rapidité surprenante). Nous rejoignons Kelowna avec une petite crevaison pour Arline lors de la descente, avant d’arriver sur l’Okanagan Rail Trail, que nous suivrons jusqu’à Vernon. Lors d’une pause matinale, nous rencontrons Yorka et Patrick, un couple qui a fait beaucoup de tours à vélo et qui nous donne pleins de bons conseils. Ils nous proposeront même de nous accompagner quelques km à vélo et nous guider à travers la ville de Vernon pour en sortir le plus facilement possible. A midi, nous pouvons manger chez eux ! Une magnifique journée. Nous repartons sous la pluie et pouvons mettre la tente chez Doris et George. Le matin, ils nous proposeront même des Pancakes. Nous sommes subjugués par la sympathie et la gentillesse des Canadiens que nous rencontrons. Après 4 jours et demi à vélo, nous arrivons à Revelstoke où nous pouvons dormir via l’application Warmshowers, et décidons de rester une journée de plus afin d’éviter la pluie et pouvoir pédaler sous le soleil à travers le Glacier National Park. 

De Revelstoke à Golden via Rogers Pass

Nous partons comme espéré sous le soleil direction le Rogers Pass. Les paysages sont splendides mais la circulation assez élevée : nous sommes le long de la Trans-Canada Highway. Les camions font bien attention à nous et nous pouvons voir un premier ours noir, qui mange des dents de lion le long de la route. Il est tout chill, lorsque nous arrivons, il lève la tête, nous regarde, puis se remet à manger des dents de lion. Le camping sauvage étant interdit dans les parcs nationaux et les campings étant fermés à cause des conditions neigeuses, nous décidons de rejoindre une cabane du club alpin située à 1200m de la route. Nous nous disons : cela sera vite rejoint. Mais une fois arrivée à l’intersection, nous nous retrouvons face à une montagne de neige. Résultat : nous mettrons 2 heures à rejoindre la cabane. Au début, nous avons essayé de pousser les vélos, mais cela fut impossible à travers les éboulis des avalanches. Finalement, nous attachons les vélos à un arbre puis faisons deux trajets pour porter notre matériel. Ce sera la même chose le lendemain, mais un peu plus rapide du fait que la neige a pu gelée durant la nuit. La circulation jusqu’à Golden est assez élevée mais ne gêne apparemment pas les ours de manger leurs dents de lion. 

De Golden à Canmore via Kootenay National Park

Nous longeons la vallée le long de la Colombia River jusqu’à Edgewater où nous pourrons à nouveau mettre la tente devant une maison, dont le jardin est d’une couleur verte incroyable ! Nous pourrons prendre une douche et on nous offrira le café le lendemain (Merci Nick et Trudi pour le bon moment).

Nous prenons la route direction le Kootenay National Park où nous ne verrons à nouveau pas de maison pour les deux prochaines journées. Nous savons qu’il y a apparemment un lodge fermé au milieu du parc, mais personne ne sait vraiment ce qui s’y passe. La vallée est incroyable, très sauvage avec une magnifique rivière qui serpente au milieu des montagnes. C’est probablement l’un des plus beaux paysages que nous avons traversés. Nous voyons un ours noir, puis 100 m. plus loin, un grizzli. Comme les ours, il est là le long de la route, à brouter des dents de lion. Nous sommes étonnés des touristes qui s’approchent à moins de 2 mètres du grizzli avec leur voiture pour prendre des photos et qui oublient toutes les règles de circulation pour s’arrêter ou s’en approcher, et nous trouvons cela inconscient (après avoir discuté avec les locaux, ils sont du même avis que nous). Bien que le grizzli attaque rarement, il peut attaquer et pour être franc, il est quand même grand ! Nous l’évitons en traversant la route avant de revenir du bon côté.

Nous arrivons au lodge en fin de journée, mais nous nous retrouvons plutôt face à de vieilles cabanes en travaux, voire abandonnées. Finalement nous rencontrons le manager, qui nous dit que c’est interdit de camper ici. Mais après discussion, il accepte de nous laisser mettre la tente. Il n’a pas l’air d’être un habitué de la nature et il nous interdit de s’approcher de la forêt sous prétexte qu’il y a des bêtes dangereuses, dont une qu’il appelle « wild cats (chats sauvages) », mais qui sont en réalité appelés des cougars. Cela nous fit une preuve supplémentaire qu’il n’avait probablement pas atterri au bon endroit et que la faune sauvage du Canada lui faisait bien peur. Après un bon repas au réchaud, nous accrochons notre nourriture aux arbres puis passons une bonne nuit.

Le lendemain, nous faisons une dernière grosse journée jusqu’à Canmore. 50 km avant notre destination, nous sommes surpris d’arriver sur une route fermée aux voitures pour laisser place aux cyclistes ! Cela nous fait un grand changement et nous sommes tout heureux de finir notre étape ainsi. Après 1400 km à travers la Colombie Britannique et l’Alberta, nous arrivons dans la Bow Valley. Comme cerise sur le gâteau, nous nous ferons inviter par une famille (Warren, Sarah, Charlotte et Sophia) qui nous dépasse à vélo. Ils nous invitent à manger le soir à Canmore puis dormir chez eux. Finalement, nous nous ferons « adoptés » et passerons 1 mois dans leur maison… 

Escalade et dentiste dans la Bow Valley

Cela fait plus d’une année que nous sommes en route pour un trip vélo-escalade, mais Bertrand a trouvé une nouvelle passion : les dents de sagesse. Nous nous sommes donc dits que cela pouvait être intéressant de vous en dire un peu plus sur comment mixer ces trois disciplines : vélo, grimpe et chirurgie dentaire. Après quelques recherches sur internet, nous n’avons pas trouvé de conseils à ce sujet et nous avons dû apprendre par nous-même. Voici trois conseils :

– Prendre des rendez-vous suffisamment en avance. Les dentistes ne se calquent pas sur votre emploi du temps, c’est à vous de se calquer sur les leurs. En revanche, en insistant un peu, vous pouvez faire avancer un peu leur planning.

– Ne pas prendre contact uniquement avec les réceptionnistes, mais avec les dentistes eux-mêmes, dans le but d’éviter d’attendre deux semaines et se déplacer pour un traitement pour qu’on vous dise qu’ils ne sont pas capables de faire cela une fois que vous arrivez sur place. Imaginez attendre deux semaines pour aller grimper à Margalef et qu’une fois sur place, on vous dise : non, vous ne pouvez pas grimper ici, le rocher n’est pas assez stable… Bah c’est tout aussi embêtant avec les dents.

– Visiter plusieurs dentistes. A nouveau, c’est comme la grimpe, c’est plus intéressant lorsqu’on rencontre différentes personnes. C’est pourquoi nous vous conseillons de vous faire enlever une dent de sagesse par dentiste, tout en essayant d’avoir des complications afin de faire durer le plaisir et de progresser dans votre passion. Si vous progressez bien, vous pouvez même terminer en beauté en enlevant la dernière dent sous anesthésie générale chez un chirurgien.

Après toute séance de dent, il faut compter entre 1 jour à 3 jours de récupération. Cela dépend de l’intensité de l’effort. En principe, il est plus conseillé de choisir l’ordre dentiste – vélo – escalade que dentiste – escalade – vélo.


Cette parenthèse terminée, revenons à la grimpe. Nous pouvons rejoindre les secteurs de Bataan et d’Echo Canyon à pied depuis la maison de Sarah et Warren. L’accès varie entre 1h30 et 2h30 et suivant le secteur choisi, nous ajoute 800m de dénivelé sur un chemin raide dans une belle forêt. Une fois en haut, la vue est magnifique. La première semaine, la météo reste froide et pluvieuse, et nous en profitons pour découvrir les deux salles d’escalade de Canmore. Avec le retour du beau temps, nous pouvons grimper dehors. Le premier jour, à Bataan, Arline fait la connaissance de monstrueux corbeaux lors de sa première route. L’un d’entre eux décide de se poser sur la vire et jeter de petites pierres sur Arline. Nous mixons les prochaines journées entre Bataan et Echo Canyon. Les voies sont magnifiques, souvent très techniques et demandent aussi une bonne endurance. Nous suivons plus ou moins toutes les recommandations du top 100 de Derek Galloway dans le topo et nous pouvons confirmer que c’est un excellent choix, très varié et avec des routes incroyables !
La météo se réchauffant, nous pouvons également grimper au secteur d’Acéphale et à Lake Louise : deux perles de la vallée. Acéphale propose des voies pour le plus haut niveau, allant surtout du 7a au 9b sur un fabuleux calcaire. La falaise de Lake Louise est en quartzite et plonge sur le lac. La vue est juste incroyable !

Les 2 dernières semaines sont consacrées au marathon de dentiste pour Bertrand, avant de prendre la route pour les 1300km à travers le sud du Canada et les Etats-Unis. Prochaine destination de prévue : Ten Sleep Canyon, dans le Wyoming.

Notre première impression de l’approche vélo – escalade en l’Amérique du Nord

En comparaison à l’Europe, une organisation et une planification est indispensable. Les distances sont plus longues, les ravitaillements plus rares, et les accès aux secteurs d’escalade sont prévus pour être effectués en voiture. La plupart des personnes voyagent avec d’énormes caravanes, accrochant leur voiture ou pickup à l’arrière. C’est un peu comme s’ils voyagent avec leur maison. Il n’y a pas d’arrêt de bus ni de camping à proximité des secteurs d’escalade, mais nous devrions aller vers le mieux en rejoignant les USA avec plus d’infrastructures (mais pas forcément d’eau). Nous pouvons même dire que dans la plupart des régions, les bus sont inexistants. L’approche vélo-escalade est donc beaucoup plus complexe, mais avec un peu d’organisation, l’aventure est incroyable et bien plus intense qu’en Europe.

Durant notre tour, nous avons décidé de ne pas mettre nos vélos dans les transports en commun et d’effectuer la totalité des trajets à la force de nos jambes. L’absence de transport public hors des grandes villes en Amérique du Nord n’impacte donc pas beaucoup notre aventure, mais pour ceux qui veulent grimper de manière écologique en prenant le bus / train et le vélo pour les derniers km, cela s’avère très compliqué ici (voir presque impossible suivant les destinations), contrairement à l’Europe…

En résumé, nous pouvons dire que l’Europe a beaucoup d’infrastructures permettant d’aller grimper de manière Eco Point (à pied, vélo et transports en commun), que ce soit pour une sortie à la journée, sur quelques jours ou pour une aventure plus grande. En revanche, au Canada, cela nécessite d’avoir impérativement plus de temps à disposition (quelques semaines) et de s’embarquer dans une grande aventure… mais cela fonctionne et on peut vous le garantir, cette aventure sera inoubliable ! Alors emmenons l’Ecopoint climb en Amérique du Nord ! Et partout autour du monde !

Kontakt: info@theotherwayaround.ch