Kananaskis, Montana et Wyoming à travers des paysages époustouflants

Des montagnes du Kananaskis aux prairies de l’Alberta

Nous quittons Canmore et la famille Wilson, heureux d’en avoir fini avec les dents de sagesse de Bertrand et de pouvoir continuer notre aventure, mais avec un pincement au cœur de dire au revoir à Sarah, Warren, Sofia et Charlotte. Nous avons passé un mois magnifique avec eux, à cuisiner de bons repas, rigoler, raconter nos aventures respectives… Nous pouvons que les remercier pour tous ces beaux moments. La pluie se décide à verser quelques larmes pour nous et 200 m après avoir quitté la maison, nous nous retrouvons sous un déluge pour 5 petites minutes.

À peine nous avons quitté Canmore, nous nous retrouvons en pleine nature et ne passerons pas un village avant le 4ᵉ jour de vélo. Nous traversons le Kananaskis sur de magnifiques routes en terre ainsi que le plus haut col goudronné du Canada : Highwood Pass. Les paysages sont magnifiques et la région est très connue pour ses nombreux ours et grizzli, mais nous n’aurons pas l’occasion d’en voir. Nous croisons souvent des personnes qui nous disent qu’il y a deux grizzlis 1 km plus loin, ou une maman grizzli avec ses petits 5 km plus bas, mais à chaque fois que nous arrivons, ils sont déjà partis. Nous en déduisons que soit nous sommes trop lents, soit nous n’avons pas les mêmes horaires. Pourtant, nous parcourons un peu la même distance qu’eux par jour, nous longeons les routes et nous nous arrêtons de temps en temps pour manger… pas si différent non ?

En à peine 5 km de transition, nous passons entre deux montagnes et nous retrouvons dans un tout autre paysage : les prairies de l’Alberta. Ces collines vertes à perte de vue sont un dépaysement total pour nous. Les dénivelés deviennent de moins en moins importants et nous nous approchons petit à petit des États-Unis. Une journée, nous nous retrouvons au milieu des orages, avec des éclairs et de la pluie tout autour de nous, mais qui a l’air de vouloir nous éviter pour notre plus grand plaisir. Nous arrivons après une petite heure de pluie au Palmer Range, sur conseil de Warren. C’est une petite oasis au milieu des prairies, le long d’une rivière et loin de tout. Nous aimons tellement l’endroit et Julia Palmer, la propriétaire, est très gentil et nous propose de rester une journée supplémentaire. Dormir gratuitement dans un range, manger des burgers faits maisons, avoir une douche chaude, que demander de mieux ? Nous irons faire une balade à cheval (une première pour Bertrand et une belle retrouvaille pour Arline) à travers les bœufs. Les chevaux sont utilisés pour contrôler le bétail, et pour faire du Branding (attraper les veaux avec un lasso depuis le cheval afin de les marquer et les vacciner).

Découverte des USA et du Montana

Nous reprenons la route, bien reposés et prêts à passer la frontière. Le vent de face est fort et nous avançons lentement… très lentement (8 km / h de moyenne). Le passage de frontière se passe très bien et nous avons réussi à faire passer un poivron en douce (notre repas du soir), ce qui est à priori interdit de transit entre le Canada et les USA. Nous nous arrêtons peu après pour dormir, à l’entrée du Glacier National Park. Il est déjà temps de retrouver les montagnes pour 1 journée. Les couleurs sont belles, nous faisons beaucoup de hauts / bas et avons beaucoup de vent de face. Au sommet d’un col, nous apercevons un ours en attendant pour traverser un chantier. Finalement, les travailleurs nous interdiront de passer à vélo et nous devons nous faire escorter par une voiture jusqu’au fond de la descente (nous aurions préféré éviter la montée). Après avoir tout déchargé, puis rechargé pour 10 km de voiture, nous nous remettons à pédaler (en montée) et face au vent.

Nous quittons le Glacier National Park et retrouvons les prairies à travers la réserve indienne des Blackfeet. C’est parti pour les plaines du Montana ! C’est plat, vert, parsemé de petits canyons (et donc de petits hauts-bas), c’est dépaysant, on aime beaucoup ! La météo est avec nous et nous n’avons que très peu de pluie. Nous passons à l’ouest de Great Falls avant de retrouver quelques montagnes pour deux jours en direction de White Sulphur Springs. Nous pouvons dormir dans une ferme écologique le soir, au milieu de paons (ils en ont une cinquantaine !), de poules et de lamas. Nous décidons de prendre une route en terre et devons absolument arriver à un ruisseau le premier jour pour retrouver de l’eau. Ce sera long, très long, et il fait chaud. À midi, après 4 heures de vélo, nous trouvons un arbre, ce qui est incroyable dans la région ! Nous arrivons comme deux cocottes minutes à la rivière vers 18 h 30, nous nous lavons, cuisinons et dormons rapidement. Le lendemain, nous arrivons à White Sulphur Springs et, peu avant le village, rencontrons une dame qui nous offre une énorme « saucisse d’été de cerf ». Et quand nous disons qu’elle est énorme, elle est vraiment grande et nous devons la séparer pour la faire entrer dans nos sacoches. Elle se mange à la cuillère et se met sur du pain, c’est juste excellent.

Après un bon bain thermal au village, nous repartons le jour suivant, avec le vent de dos et une pente plutôt descendante. À 13h, nous avons déjà fait les 90 km. Les jours suivants à travers les prairies sont relativement plats. Si nous avons du vent de dos, nous avançons très vite, si nous avons du vent de face… nous faisons du sur place ! Nous recevrons une bouteille de vin en route et sommes impressionnés par la gentillesse des personnes. Nous avons l’impression que soit les gens ne comprennent pas ce que nous faisons (ce n’est pas normal de voyager à vélo avec le matériel de grimpe aux USA) et nous prennent pour des débiles, soit ils trouvent cela incroyable et sont super gentils. Nous faisons donc de belles rencontres (et aussi des rencontres spéciales). 

Du Montana au Wyoming, du vert au rouge

Nous entrons le Wyoming au Bighorn Canyon et profitons de faire une journée de canoë. Le canyon est très calme le matin, mais se rempli de bateaux l’après-midi. Après 25 km de ramage (ça change) nous rentrons avec un bon sandwich et des brochettes de fruits offerts par les passagers d’un bateau. Les paysages deviennent désertiques, oranges, bref, nous sommes sous le charme ! Mais il fait chaud. Nous partons tôt et essayons de finir avant le milieu d’après- midi pour éviter les fortes chaleurs de 14h à 18h. Au Wyoming, tout le monde a une arme, et ils n’hésitent pas à nous la montrer. Le premier soir, nous dormons dans un City Park (il est souvent possible de dormir gratuitement dans les parcs des villes) lorsqu’un type vient nous montrer son arme et nous explique qu’elle n’est pas immatriculée. Le second soir, jour de la fête national, un couple très sympa nous offrira des bières et nous passerons une super soirée. L’homme se balade toujours avec son arme en visuel attachée au pantalon et nous montre son sniper dans son bus. Le soir, un cowboy nous rejoint et demande à Bertrand ce qu’il a comme arme. Quand il apprend que nous n’en avons pas, il est étonné et nous prend pour des fous.

Nous arrivons en milieu de journée à Ten Sleep, après 1350 km en 18 jours de vélo et un jour de repos, juste à temps pour le Climbing Festival. C’est notre plus longue traversée à vélo, nous avons adorés, mais pour être franc, nous avons hâte de retoucher du rocher et nous avons quand même bien souffert des fortes chaleurs. 

Ten Sleep Canyon

Nous restons les 4 premiers jours au camping de la brasserie du village. Il y a peu d’ombre et passons notre temps soit dans la brasserie, soit en falaise en faisant du covoiturage pour y accéder. Nous ne voulons pas monter directement dans le canyon à vélo afin d’assister au festival de grimpe du week-end tout en nous évitant de monter 1’000 m pour les redescendre 2 jours plus tard. Nous faisons de belles rencontres et participons aux concours du festival, pour le mal de nos poulies.

Les USA sont un grand changement d’organisation pour nous. La plupart des secteurs d’escalade sont loin de tout magasin et parfois de source d’eau. Nous avons un filtre, mais s’il n’y a pas de rivière, ça devient vite plus complexe. Pour cette première étape, nous avons la chance d’avoir de l’eau, en revanche, nous devrons porter les courses pour les 8 prochains jours. Le lendemain du festival, nous montons sur les hauts du Ten Sleep Canyon, bien chargés. Nous partons tôt, mais mettons beaucoup de temps à trouver un joli endroit pour s’installer. Après être monté la route goudronnée, redescendu la route en terre puis remonté cette dernière, nous trouvons un superbe spot proche de la rivière. Mais qui dit rivière, dit moustiques et mouches.

Nous grimpons une semaine sur ce calcaire à trous. Il y a beaucoup de prises taillées, ce que nous sommes contre, mais les voies sont belles et nous trouvons quelques perles naturelles. Nous décidons de faire que du volume, pas de projets, et grimpons donc un maximum de voies dans le 7ᵉ degré. Que ce soit à The Arch, Mondo Beyondo, French Castle Ranch, Valhalla… Nous montons toujours en falaise vers 13 h 30 pour y arriver en même temps que l’ombre, puis grimpons jusque vers 20h avant de rentrer et cuisiner. Le dernier soir, nous verrons un Moose* (animal très… très grand… ressemblant à un cerf, mais comme vous l’aurez compris, en plus grand !). Nous passons 2 belles soirées autour du feu avec des grimpeurs locaux.

En raison des fortes chaleurs, les fermetures éclairs de notre tente se sont déformées, le matelas d’Arline a explosé et la batterie n’a pas résisté au chargement du drone. Ça nous fera quelques petites réparations au programme.

*Un « Moose » est appelé un élan en Scandinavie. En revanche, en Amérique du Nord, un élan (Elk) est utilisé pour nommer le cerf. 

 

En route pour Lander

Nous partons à 7h afin d’éviter la forte chaleur et voulons rejoindre Thermopolis le premier soir pour se baigner dans les bains thermaux. Une journée à 130 km nous attend et avec du vent de dos, nous avons déjà fait 80 km à 11 h 30. Nous mangeons puis reprenons la route en se disant que les derniers 40 km iront très vite. Mais ce ne fut pas le cas. Le vent a décidé de tourner, nous sommes donc passés de 20 km par heure à 8 km par heure, et avec l’augmentation des températures (38 degrés à l’ombre), nous avons littéralement grillé (tout comme le compteur de Bertrand). Nous arrivons à 18h à destination, Bertrand se couche direct pendant qu’Arline a encore des forces pour préparer un repas. Nous sommes totalement fatigués et prenons un hôtel. Nous pouvons quand même faire une toute petite marche pour voire les alentours et Arline ira aux bains thermaux.

Le lendemain, les températures sont hautes à nouveau, mais nous avons de la chance avec le vent et nous arrivons à 14 h 30 à Riverton. Nous pouvons en profiter pour changer notre Power Bank (batterie solaire).

Nous arrivons à Lander en fin de matinée et restons au City Park, à nouveau gratuit. Nous faisons les courses pour les 15 prochains jours, car nous ne repasserons pas de village. Nous avons la chance que le magasin d’escalade Wild Iris nous propose de nous monter une partie de la nourriture à Wild Iris parce qu’ils doivent aussi monter au même endroit. Nous partons donc pour 1100 m de dénivelé avec 5 jours de nourriture (au lieu de 15). À Wild Iris, le 2ᵉ problème s’avère l’eau. Il n’y en a pas. Nous trouvons une maison quelques km plus loin où nous pourrons aller remplir nos bâches à eau. Sinon, nous aurions dû nous organiser avec d’autres grimpeurs. Nous utilisons en moyenne une dizaine de litres d’eau par jour (boire, cuisine, se laver…). Nous avons des bâches pour transporter 40 litres et pouvons ainsi tenir 4 jours (jusqu’au prochain jour de pause). Si l’eau n’est pas trop loin (moins de 20 km), nous pouvons aller la chercher les jours de pause. Si ce n’est pas le cas, nous devons absolument s’organiser avec des grimpeurs. 

Escalade à Wild Iris

Tout comme Ten Sleep, c’est aussi du calcaire à trous, mais les voies sont beaucoup plus courtes. Certaines d’entre elles sont même du bloc sur corde. C’est super joli, les mouvements aussi ! Par la courte longueur des falaises, les mouvements sont relativement difficiles et c’est ici que beaucoup de grimpeurs américains ont repoussé les limites de la grimpe sportive pendant une vingtaine d’années. Le développement a commencé au début des années 1990 et se poursuit avec l’apparition de nouvelles voies chaque année.

Les falaises sont situées à plus de 2’600 m d’altitude, mais les températures restent élevées, du coup, nous restons sur les secteurs à l’ombre (Erratic, Remuda, Aspen Glades en fin de journée ou Zorro en matinée). Après 5 jours à manger des pancakes, grimper de belles voies et s’entrainer au Ukulele, nous décidons de prendre la route direction les Wind River Mountains et le Grand Teton National Park pour quelques sommets au programme avant de rejoindre les falaises de nos rêves du centre et du sud des USA. Affaire à suivre !  

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