Les Rocheuses du “Wild West”
En route pour les Wind River
Nous grimpons une dernière matinée à Wild Iris avant de partir direction les Wind River et éviter les orages de fin de journée. Nous campons le long d’un petit ruisseau proche d’Atlantic City. À l’époque, cette ville était peuplée de 2000 habitants travaillant dans les mines d’or, mais maintenant que les mines sont épuisées, la ville est un tas de ruine avec quelques rares maisons restaurées. Nous rejoignons une route en terre nous amenant vers les montagnes à travers des paysages très vastes et sauvages. Pendant que nous montons et descendons les nombreuses collines, des orages se forment sur les montagnes et finissent par nous rattraper 10 km avant d’arriver à Big Sandy Lake Trailhead, le point de départ pour accéder au Wind River Range. La grêle commence à tomber et nous nous mettons à l’abri sous quelques arbres le temps que l’orage passe. Les températures descendent de 32 à 4 degrés en quelques minutes pour laisser place à un paysage blanc. 1 heure plus tard, le soleil revient, les températures remontent et nous finissons les derniers km jusqu’au Big Sandy Lake Lodge, où nous mangeons un délicieux burger et réorganisons nos sacs. Nous planifions de rester 2 jours en montagne : le premier pour rejoindre le Cirque of The Towers et grimper la K-Crack au Pingora, une voie facile, mais avec une magnifique longueur finale et nous permettons de nous mettre dans l’ambiance de l’endroit, et le second jour pour essayer de grimper la face nord du Pingora.
Cirque of the Towers
Le Wind River Range est bien connu pour ses moustiques, qui se comptent par milliers, et nous n’y échapperons pas ! À peine nous marchons que des nuages de moustique se forment autour de nous. Après une première nuit le long d’un petit ruisseau, nous marchons jusqu’au Cirque of The Towers. Avec nos gros sacs, nous mettons 4 heures pour atteindre le cirque. Les nuages commencent à se former à nouveau lorsque nous approchons ce paradis de granite. Des faces toutes plus impressionnantes les unes que les autres, parsemées de fissures et surplombant lacs et prairies. Nous rejoignons Bettina et décidons de ne pas effectuer le sommet l’après-midi par peur de se faire prendre dans les orages. Nous ferons la K-Crack le lendemain matin avant de redescendre. Le paysage nous fait oublier les nombreux moustiques qui sont bien décidés à ne pas nous laisser tranquille pendant les repas. Après un bon café, nous partons en direction du Pingora aux premières lueurs du jour. Les 4 longueurs de K-Crack (voie en escalade traditionnelle) déroulent bien et l’ambiance est incroyable. Nous arrivons au sommet (3’624 m) avant de tirer les rappels jusqu’au pieds de la face. De retour, nous rangeons la tente avant de redescendre jusqu’à nos vélos. Nous reprenons un burger et un verre de vin rouge (il faut finir l’aventure comme on l’a commencée !) et pédalons les premiers km jusqu’à trouver une belle place pour camper (toujours avec des moustiques).
En route direction Jackson
Nous pédalons le 1er août direction Jackson à travers les champs de vache et de vastes étendues désertiques. Le vent de face nous fait à nouveau avancer plus lentement et nous rejoignons le village de Boulder pour y passer la nuit en camping. Après 2 semaines loin de la civilisation, une douche nous fait du bien ! Le second jour, nous pédalons plus de 100 km pour rejoindre l’Hoback Canyon. Nous avons à nouveau quelques orages et mangeons une énorme Cinnamon Bun le matin. Aux USA, tout est grand : les distances, les voitures, mais aussi les Cinnamon Buns (pâtisseries à la cannelle). Nous posons la tente avant le prochain orage, passons une bonne nuit et rejoignons Jackson le lendemain. Nous avons la chance de pouvoir rester chez Bradley et Hillary, dont nous avons eu le contact plus tôt.
Yellowstone National Park
Nous avions prévu de visiter ce parc à vélo, mais Bradley étant guide pour la région, il nous a déconseillé de faire ce trajet (mauvaise visibilité, manque de bandes latérales de sécurité et beaucoup de touristes sur les routes). Il nous propose de nous emmener pour un tour privé lors d’un de ses jours de congé et nous profitons de cette opportunité. Il connaît tous les recoins du parc cet essaie du mieux possible de nous montrer les highlights en une journée. Nous apercevons des bisons, geysers et ces fameux lacs colorés. Sur le chemin du retour, nous voyons aussi notre objectif du lendemain : le Mont Moran, un sommet du Grand Teton National Park bien plus sauvage et moins parcouru que les trois Tetons ; et, ce qui nous attire encore plus, l’accès se fait en traversant le lac.
Triathlon du Mont Moran
Nous attendons 2 jours à Jackson que la pluie s’arrête avant de finalement partir pour notre Triathlon. Bradley nous organise deux Paddleboards que nous pouvons emprunter à un de ses amis. Après les avoir paquetés sur nos vélos, nous partons sous la brume pour 35 km à vélo nous séparant de String Lake. Après avoir obtenu le Backcountry Permit (indispensable pour camper dans le parc national), nous cadenassons les vélos, gonflons les Paddles et nous mettons à traverser le String lake et le Leight Lake jusqu’au pieds du couloir de la face est du Mont Moran. L’objectif ne peut pas être plus simple : droit en haut. Nous montons les premiers 900 m avant de poser la tente au CMC Camp pour la nuit. La vue et le coucher sur les lacs et le parc national sont incroyables. Nous nous levons tôt le lendemain pour effectuer l’ascension du sommet. Après avoir rejoint le Drizzelplus, nous désescaladons une courte section exposée avant de nous retrouver au pieds de la grande face. Nous atteignons le sommet peu avant 10h (3’842 m) avant de redescendre en désescaladant le même itinéraire. Lors de la redescente, nous croisons un groupe de 4 personnes au pieds de la face démarrant l’ascension à 4 sur une corde à double (ce que nous n’avons jamais vu auparavant). Ils n’arrivaient pas à communiquer entre eux et nous entendions le dernier de cordée au loin crier : Off Rope (corde détachée) … En montagne, ce n’est pas une option ! Nous descendons assez rapidement afin de voir ce qui se passe et en arrivant à la petite brèche au pieds de la face, nous découvrons un type désencordé qui se brosse les dents…. Du jamais vu ; ) Nous sommes heureux qu’ils décident de faire demi-tour avant de se retrouver dans la face bien plus exposée.
Nous rejoignons rapidement notre tente, plions le tout avant de redescendre les 900 m nous séparant de nos Paddleboards, retraverser les deux lacs et pédaler jusqu’au Jenny Lake. Bien fatigués de cette longue journée, nous nous endormons rapidement.
Le lendemain, nous décidons de repartir pour une longue voie dans une face de l’autre côté du Jenny Lake, que nous pouvons aussi accéder en Paddle. Une fois de l’autre côté du lac, nous apercevons un ours le long de la berge qui mange des baies. Nous l’observons pendant plus d’une heure, et avons même la chance de le voir se baigner juste devant nous. C’est magnifique. Le temps passant vite et les températures devenant plus chaudes, nous décidons de rester observer cet ours au lieu de partir dans l’objectif du jour. Après cette magnifique journée sur le Jenny Lake, nous rentrons à Jackson à vélo.
The Fins
Nous reprenons la route jusqu’à The Fins, l’un des principaux objectifs de notre tour aux USA : une falaise unique, dressée comme une lame de couteau sur la montagne et parsemée de voies de haut niveau. Après avoir pédalé à travers le Teton Pass jusqu’à Victor, où nous pouvons mettre la tente dans le jardin de Molly et Allen, nous allons voir un concert. Les paysages de l’Idaho sont très désertiques. À Rexburg, nous avons la chance d’être accueilli par Daman et sa famille, qui nous offrent un lit chaud pour la nuit. Le lendemain, nous ferons une petite journée et nous arrêterons le long d’un lac pour nous abriter des orages. On nous offrira du poisson tout frais pêché, quelle magnifique soirée. Le lendemain, une grosse journée nous attend avec la montée jusqu’à The Fins. Nous faisons le plein d’eau à Howe car il n’y aura pas d’eau une fois passé ce village. La route montant aux falaises est courte, mais très raide. Nous pédalons jusqu’à que ça devienne trop difficile, puis commençons à pousser les vélos. La route devenant encore plus raide, nous décidons de porter nos affaires petit à petit. Finalement, au bout de 2 heures, nous auront parcouru… 800 m. Nous décidons de nous arrêter là, même si nous ne sommes qu’à 1.5 km du sommet. La route restante est à plus de 26° et est tellement en mauvais état que rares sont les 4×4 qui arrivent à y monter. Nous décidons de camper en bas et marcher jusqu’aux falaises chaque jour. Le problème étant qu’il n’y a pas d’ombre avant la crête, mais tant pis, nous ferons avec. Au moment de monter la tente, nous entendons une voiture qui monte. C’est un jeune avec un gros pickup qui recherche du monde pour grimper avec lui le lendemain. Nous avons la chance de pouvoir monter avec lui ce dernier bout. Nous laissons les vélos en bas et allons les rechercher quelques jours plus tard. Même en poussant les vélos vides sur la dernière pente, c’est très difficile de les amener sur la crête.
Bien installés aux Upper Fins, nous restons une dizaine de jours à grimper ces magnifiques voies, à trous et réglettes. La vue est à coupée le souffle, et nous pouvons nous organiser avec d’autres grimpeurs pour refaire le plein d’eau. L’air est sec et les abeilles commencent à être à la recherche de la moindre goutte d’eau. Devenant de plus en plus insistantes, elles nous suivront même jusqu’à la falaise (15 minutes à pied). Une abeille a fini par trouver un peu de transpiration dans les chaussons de Bertrand sans qu’il le remarque. Une piqûre plus tard, il doit faire 3 jours de pause avant que son pied se mette à dégonfler et à pouvoir renfiler les chaussons d’escalade à nouveau. Malgré ce petit break, nous grimpons pas mal de classiques : Son of Discovery, Al’s Diner, Time will Tell, Bong’s Away, etc.
Craters of the Moon et direction Salt Lake City
Nous nous arrêtons à Arco pour refaire une lessive et prendre une douche avant de nous remettre en route direction pour le Craters of the Moon. Le vent souffle très fort, à tel point que nous devons arrêter nos journées à 10h du matin si nous voulons éviter de faire du surplace. Nous visitons le Craters of the Moon, un endroit qui sort de l’ordinaire : les pierres, les couleurs, tout est psychédélique. Nous reprenons la route le lendemain et stoppons à nouveau dans la matinée afin d’éviter le vent. Après un arrêt à Twin Falls, nous rejoignons City of Rocks. Nous rencontrons une famille qui vit et voyage dans un bus avec… 7 enfants ! Ça, c’est aussi de l’aventure !
Notre stop à City of Rocks sera plus rapide que prévu : une vague de chaleur frappe l’Utah et il fait même trop chaud pour grimper à l’ombre ! Pourtant, nous sommes à 2’000 m d’altitude. Nous essayons de grimper quelques voies durant 2 matinées, mais c’est trop chaud pour nous. Nous reprenons la route direction Ogden et Salt Lake City où nous serons accueillis par des amis. Après un bon café à Nephy, nous arrivons à Maple Canyon, notre dernier stop avant les déserts.
Maple Canyon
La vallée de Maple Canyon est bien cachée de la vallée principale. Une fois dedans, des murs de conglomérats apparaissent à perte de vue, très déversant, et, au milieu, pleins d’érables se mettent à se couvrir d’un habit rouge. Nous restons 2 semaines à grimper ces grands dévers (à bonnes prises). La grimpe est très endurante. Nous bougeons entre les falaises de Minimum, Craggamore, Damascus Gate, Pipedream, Campound et Windshield Wiper Wall. Le style nous plaisant bien, nous faisons la majorité des voies à vue. Après 2 semaines, nous décidons de reprendre la route direction les déserts à travers les belles couleurs d’automne.
Kontakt: info@theotherwayaround.ch