Alpes #2
Verdon et Ceüse
Entrechaux – Courchon – La-Palud-sur-Verdon
Après deux belles journées de grimpe à Mollans-sur-Ouvèze, le vent a tourné et la pluie s’est installée. À vélo, il est plus difficile de se déplacer en fonction de la météo pour trouver une falaise abritée. Nous avons donc profité de ces quelques jours de pluie pour faire le travail de « bureau », manger des fraises et des tapenades aux olives de la ferme d’en face, et refaire le plein de magnésie ! Par hasard, nous finissons dans le magasin « zéro waste » Festi’Vrac (à Buis-les-Barronies) où nous rencontrons Isis et Clément. Ils sont partis voyager pendant 1 année et demi en mode vélo/grimpe en Europe, avec une petite fille de 5 mois ! Cela nous motive pour notre projet et leur magasin propose de super produits (n’hésitez pas à y aller si vous êtes dans la région !).
La pluie ne voulant pas partir, nous nous décidons à partir à sa place chercher le soleil plus au sud, dans le Verdon. Après un départ au sec… de quelques heures, il était temps de prendre une douche de deux jours à travers la Provence et tester notre matériel de pluie. Le premier soir, la pluie s’arrêta quelques heures (pour notre plus grand bonheur), le temps que nous installons notre tente dans un champ. Les propriétaires du champ proposent de sécher les chaussures d’Arline devant leur cheminée, et nous les ramènent le lendemain matin avant notre départ. Après un petit déjeuner et des pieds secs, nous retournons sous la douche direction Dignes-les-bains. Impossible de l’éteindre ou de diminuer la pression… chaque heure, nous nous disons : « Cette fois, il ne peut pas pleuvoir plus fort ! »… et quelques minutes plus tard, nous comprenons que les vannes n’étaient pas totalement ouvertes ! Nous arrivons chez nos amis Kira et Dorian à Dignes en début d’après-midi, où nous aurons le droit à une vrai douche ! Nos habits de pluie ont bien tenus, sauf les protections de pluies pour les chaussure d’Arline, qui sont en néoprène (après expérience, nous déconseillons cette matière sauf pour les amateurs de bain de pieds).
Dorian et Kira nous donnent pleins de bons conseils pour le Verdon, et nous pouvons prendre en photo les topos ! Le soir, nous mangeons ensemble et passons une très belle soirée. Le lendemain, nous les rejoindrons à Courchon, un secteur de grimpe magnifique dominant le lac de Sainte-Croix. Nous décidons de suivre les conseils de Dorian pour y accéder… mais ce n’était pas une bonne idée de suivre les conseils d’un spécialiste du vélo enduro après ces forts jours de pluie… il nous avant pourtant dit : « Ça monte un peu dans la terre, mais ne vous inquiétez pas, ça passe avec un camion ! ». Nous avons testé : ça ne passe pas à vélo, du moins pas avec notre paquetage et l’état actuel de la route. Du coup, on est descendu du vélo et on s’est mis à pousser aussi lentement que nécessaire mais aussi vite que possible (copyright @Alain). Heureusement que la distance n’était pas trop longue, sinon nous serions probablement encore là-bas. Nous arrivons vers 16h à Courchon pour grimper deux belles voies avant de passer la soirée avec un belge et poser notre tente à un super emplacement !
Après une deuxième journée de grimpe à Courchon et une belle nuit de bivouac, nous reprenons la direction du Verdon en rejoignant Moustier Sainte Marie par la voie romaine (nous devrons à nouveau pousser nos vélos, mais cette fois en descente). Moustier est un joli petit village authentique qui mérite de s’y arrêter, tout autant pour sa beauté que pour sa bière. Nous arrivons en fin de matinée peu avant Aiguines, à l’entrée des gorges du Verdon. Après avoir installé notre tente, nous partons pour notre première longue voie au Verdon : « Pour une pincée de ketchup ». Les rappels suspendus dans le vide sur nos vieilles sangles nous donnent l’impression d’avoir des petits papillons dans l’estomac (nous irons acheter des nouvelles longes le jour suivant). La voie, bien équipée (trop ?), est belle et nous donne un bel aperçu de l’ambiance des gorges.
Après ce petit « amuse bouche », nous remontons les gorges jusqu’à la Palud sur Verdon (avec une petite crevaison au menu) où nous installerons notre camp de base au camping Bio Verdon (chez Jean-Marc).
Escalade au Verdon
Depuis le camping, il est très facile d’accéder aux longues voies à vélo via la route des crêtes, qui surplombe les falaises de la rive droite. Pour ceux qui ne connaissent pas le Verdon, les accès aux voies d’escalade ne sont pas à sous-estimer : descente en rappel, tyroliennes ou chemins plus ou moins exposés nous amènent dans un cadre incroyable et inoubliable, suspendu dans le vide au dessus des gorges ! La retraite en cas de mauvais temps (ou de choix de voie trop difficile) n’est pas toujours possible et la seule solution de sortie est souvent de grimper. La planification des voies nécessite donc une préparation plus minutieuse.
C’est dans ces gorges que s’est écrit une partie de l’histoire de l’escalade, avec des voies historiques (à l’image des cotations et de certains espacements des spits), mais aussi de superbes voies récentes suivant les plus belles parties des falaises. Nous avons décidé de nous concentrer sur ces nouvelles voies pour les deux semaines à venir, en variant les falaises, les styles et les ambiances. Nous avons pu grimper de superbes longueurs de tout type, parfois étonnantes (comme la traversée d’un boyau de 40m), que nous vous laissons découvrir en photo. La liste des voies est disponible à la fin de l’article.
Nous avons eu la chance d’avoir la visite de plusieurs amis (Alex, Benjamin, Gilles) et de faire de magnifiques rencontres, que ce soit avec des grimpeurs (Jonathan Crison, Margaux et Léo, Catherine Chong et Jim…) ou avec d’autres personnes, de passage au Verdon (Mathéo et Mathilde, voyageant avec un âne). Nous aurons même l’occasion de retourner en terrasse pour la première fois depuis plusieurs mois, avec l’ouverture des restaurants. Bref, deux très belles semaines !
Pour le dernier jour, nous avons opté pour une voie pas trop difficile, mais qui allie tous les styles du Verdon : « Tandem pour une évidence ». Nous nous sommes couché vers 22h, heure à laquelle Bertrand a commencé à avoir mal à une dent. Après avoir pris un anti-inflammatoire, puis un anti-douleur, suivit d’un deuxième, il était toujours impossible de dormir (du coup Arline non plus). Le matin, après une nuit bien courte (si on peut appeler ça une nuit), il était clair : nous n’allons pas grimper et nous allons chez le dentiste !
Après une courte recherche sur internet et quelques téléphones, nous tombons sur un cabinet dentaire avec un dentiste « à l’ancienne », selon les commentaires. Il accepta de s’occuper de Bertrand entre deux patients.
– « C’est une dent de sagesse. On l’enlève ? »
– « Oui »
– « Ça vous fera 73.66 euros, vous êtes d’accord ? »
– « Oui »
15 minutes plus tard, elle était dehors ! Nous retournons au camping nous reposer l’après-midi et prenons la décision de partir le lendemain direction Ceüse, si Bertrand n’a pas trop de douleurs.
Liste des voies :
– Pour une pincée de Ketchup; 6c
– Les deux pieds dand le pas; 7a+
– Lame fatale; 6c
– Rivière d’argent; 6b+
– Le gout des autres; 6b+
– Via Mathis, Partie supérieure; 7a+
– Les mains dans le sel; 7a
– Le fils de l’haltèrs et du pan ; 6c
– ZigoZago; 7a
– Hors Sujet; 6c
– Série Limité; 6c+
Verdon – Sigoyer
Après une nuit un peu meilleure (ce qui n’était pas difficile), nous nous remettons à pédaler. Nous décidons de passer par Majastres en suivant la route D17, qui devient très vite en terre (on commence à avoir l’habitude). Nous avançons un peu plus lentement, mais les paysages sont magnifiques. Peu après le village de Majastres, nous descendons une petite vallée toute étroite avec juste la place pour une rivière, une petite route… et nos deux vélos ! Bien que ce n’est pas la grande forme, Bertrand peut avancer. Peu après Dignes, nous voyons une boucherie avec l’écriture : meilleure boudin de France ! Nous avons deux options devant nous : soit nous nous arrêtons acheter du boudin, soit nous pédalons vite jusqu’à Sisteron pour arriver avant la fermeture d’un magasin de sport et acheter des chaussons pour Arline. Au moment de prendre la décision, nous avions déjà dépassé le rond point… du coup nous avons choisi l’option Sisteron et chaussons.
Après une grosse journée, nous dormons au camping de Sisteron, avant notre deuxième journée nous amenant à la montagne de Ceüse. Cette dernière sera belle. Nous profitons pour nous ravitailler avant la montée qui mène au camping des Guérins, situé à 1h de marche de la falaise, où nous resterons les deux prochaines semaines.
Escalade à Ceüse
Comment est-il possible de motiver des grimpeurs du monde entier à faire 500m. de dénivelé et marcher près d’une heure pour rejoindre une falaise ? C’est simple : des voies d’escalade incroyables, de tous styles et toutes difficultés, de la dalle, du dévers, des gouttes d’eau, des dièdres… Le rocher est compact, varie du gris à l’orange en passant par le bleu… Bref : le paradis.
La vie autour de Ceüse est simple : le matin, nous avons le temps de dormir et de prendre un bon petit-déjeuner ; vers midi, nous montons à la falaise pour grimper à l’ombre de l’après-midi jusqu’au coucher du soleil ; puis nous redescendons à la frontale au camping se faire à manger. Lorsque de petits orages arrivent l’après-midi et nettoient le rocher de la magnésie des grimpeurs, tout redevient sec quelques minutes plus tard avant de laisser place aux magnifiques couleurs du soir. Un soir, nous avons été invité sur le plateau de Ceüse pour un apéro (Pastis, soupe et pâtes), avant de redescendre via la via-ferrata direction le camping.
Après presque 3 semaines à Ceüse, nous allons reprendre la route direction l’Italie et le Val di Mello, puis celle de l’Autriche, avant de découvrir les cultures de l’Europe de l’est.
Kontakt: info@theotherwayaround.ch