Grèce 

L’entrèe en Grèce

A peine arrivés à la douane grecque, nous nous retrouvons avec un coton tige dans le nez avant même d’avoir pu sortir le mot Kalimera (= bonjour en grecque) de notre bouche. Le résultat étant négatif, nous pouvons débuter notre périple grecque. Après avoir pris contact avec le Pindos National Park, que nous devions traverser pour rejoindre Météora, nous décidons de le contourner au vu de la neige annoncée et de problèmes récurrents entre les chiens et les cyclistes. Nous arrivons à la ville de Ioannina le lendemain. La météo ne s’améliorant toujours pas et les possibilités de grimper à Météora les prochains jours étant quasiment nulles, nous décidons de laisser les vélos à Ioannina deux jours et d’aller visiter Météora en bus. Cette option nous permettra de rester le long de la côte et espérer une meilleure météo.

Météora

A peine sortis du bus, nous découvrons ces formations rocheuses appelées les météores, avec à leur sommet des monastères chrétiens orthodoxes. Nous irons en visiter deux et apprendrons qu’avant 1920, le seul moyen de les rejoindre était via de grands paniers suspendus à des poulies et manœuvrés à l’aide de contrepoids. Nous marchons entre ces tours tout en faisant une petite liste des lignes d’escalade ou des parois qui nous tapent à l’œil. Nous reviendrons certainement plus tard par des conditions plus sèches, car la grimpe y a l’air magnifique. 

A la recherche du soleil direction Leonidio

Après ces deux jours de pause, nous pédalons les 6 prochains jours le long de la mer direction le Péloponnèse et le petit village de Léonidio. Il fait beau, pas trop chaud, pas trop froid, bref, c’est parfait ! Les routes sont calmes et nous pouvons faire de longues journées d’environ 90 km. Après une première nuit au milieu des orangers, nous retrouvons Dilan et Delphine pour notre second campement le long de la plage. Le coucher de soleil est magnifique et nous profitons de la proximité de l’eau pour faire du feu et se réchauffer.

Nous repartons le lendemain presque seul au monde sur une route qui zigzag le long de la mer. Nous nous arrêtons souvent dans les pâtisseries goûter toutes ces spécialités grecques, et achetons souvent chaque biscuit à double : un pour Arline, un pour Bertrand. La seule différence c’est que 5 minutes après être sorti de la boulangerie, Bertrand a déjà fini tous ses biscuits, alors qu’Arline en a encore 5 ou 6 qu’elle peut manger durant le reste de la journée. Résultat, le soir, après un bon repas, Bertrand regarde Arline avec des yeux tout pétillant au moment du dessert, comme un petit chat qui demande un petit bout de biscuit.
Nous arrivons le 4ème jour au pont de Patras et mettrons un bon moment à trouver une accès pour les vélos. Après avoir tourné trois fois en rond et rencontrés trois chiens errants (= petit moment de panique pour Bertrand pendant qu’Arline sort son plus beau suisse-allemand pour les calmer), nous finissons par traverser le pont. La pluie, pourtant pas annoncée aussi rapidement, a visiblement décidée à venir nous dire coucou et à nous accompagner pour nos 3 derniers jours de vélo.

Dans le Péloponnèse, nous nous retrouvons souvent face à des chiens errants lorsque nous quittons les routes principales. A l’inverse de ceux que nous avons croisés en Bosnie, au Monténégro et en Albanie, ils sont relativement agressifs et se trouvent souvent là où se trouvent les décharges… D’un côté, nous avons peur, mais d’un autre, nous avons aussi pitié pour eux. Nous sommes persuadés que si les humains arrêtaient de jeter leurs déchets partout, ces chiens ne seraient pas là. La seule solution que nous avons trouvée pour les faire fuir est de lancer des cailloux dans leur direction, voire d’utiliser un bâton s’ils s’approchent trop près de nous. Après que l’un d’eux s’attaqua à la chaussure d’Arline, nous retrouvons les routes principales le long de la mer, et là, plus de chiens agressifs, mais de beaux paysages (même sous la pluie !).

Léonidio

Après ces derniers temps à beaucoup pédaler, nous sommes heureux d’arriver à Leonidio fin novembre et pouvoir enfin à nouveau grimper. Nous nous décidons à prendre un petit appartement pour se concentrer sur la grimpe et pouvoir se reposer le soir. Le logement est situé au-dessus d’un couple de retraité et nous nous sentons comme chez nos grands-parents : chaque matin, ils nous amènent du café et des petits gâteaux faits maison ; nous offrent plein d’oranges et nous accueillent chaque soir avec de gros sourires lorsque nous rentrons de nos journées de grimpe.

Leonidio est le spot à la mode en Grèce pour grimper : plein de nouveaux secteurs, un rocher avec peu de passage, une météo stable et surtout un accueil très chaleureux ! Nous grimpons principalement aux secteurs proches du village, même si certains secteurs plus haut dans la vallée nous attirent aussi. Mais il faut faire des choix, et étant à vélo, l’accès aux secteurs éloignés est peu envisageable. Nous avons trouvé incroyable la diversité des secteurs : la falaise de Mars est, comme son nom l’indique, digne d’une autre planète avec des colonnettes, des stalactites / stalagmites qui se mettent à chanter au toucher ; Jupiter, juste à côté, offre un superbe mur à trous avec des envolées à plus de 40/50m ; Theos Cave, Sabaton… Bref, que de beaux secteurs ! Mais qui dit un endroit aussi beau et à la mode, dit aussi beaucoup de monde : ) Après plus de trois semaines, nous nous décidons à bouger direction Athène et changer d’ambiance et de falaises.  

Administration

Durant ces trois semaines à Léonidio, nous avons profité d’organiser nos possibilités d’entrée en Turquie ainsi que d’obtenir nos visas pour les USA, mais pour les deux cas, nous n’avons pas que des bonnes nouvelles :

– Il n’y a toujours pas de ferry entre la Grèce et la Turquie en raison de la crise sanitaire et les frontières maritimes sont fermées. Nous devrons donc soit faire un détour de 2’000km via Istanbul, soit jouer un coup de poker pour qu’un bateau privé nous emmène depuis une île grecque en Turquie, ce qui ne s’avère pas tout à fait légal, mais qui peut sous certaines conditions passer dans la zone grise…

– Ni Athène, ni Istanbul, ni Ankara ou même le Québec n’accepte de nous accorder un visa de 6 mois pour les USA dans un avenir proche… Bien qu’Istanbul laisse la possibilité de faire un entretien pour les non-résidents, nous obtenons un rendez-vous qu’en août 2023… Il va nous falloir trouver d’autres options… 

Petite visite d’Athènes

Nous quittons Léonidio le 20 décembre et pédalons jusqu’à Athènes. L’entrée de la périphérie d’Athènes se fera en train afin d’éviter la lourde circulation et l’absence de pistes vélos. Nous visitons l’Acropolis, quelques autres monuments et passons un beau Noël dans cette ville joyeuse. Nous décidons de rejoindre Kalymnos en ferry, comme notre plan initial, et tenter de trouver une solution de rejoindre la Turquie directement depuis là-bas. 

Kalymnos

Nous sortons du ferry à 5h du matin, traversons la petite ville de Pothia et prenons la direction du petit village de Masouri, situé juste sous les falaises où nous passerons les prochains jours. A peine nous avons quitté Pothia que nous avons l’impression de nous retrouver sur une île déserte. Nous ne pouvons pas dire qu’il n’y a pas un chat, car c’est le seul signe de vie que nous croisons. En octobre, cette destination accueille tellement de grimpeurs qu’il arrive de faire la queue pour pouvoir grimper, mais en décembre, plus personne ! Et pourtant, les conditions sont dingues ! Quelques colonnettes sont mouillées, mais il reste bien assez de lignes à grimper et surtout, nous avons les secteurs pour nous. Au village, pas un bar ni un magasin n’est ouvert. Mais la petite ville de Pothia n’est pas si loin et nous allons prendre quelques apéros le soir. Trois amis suisses, Duje, Romaine et Martin nous rejoignent et nous passons de super moments. Inutile de décrire la grimpe sur cette île, il suffit de voir les photos.

Attente à Kos

Durant nos deux semaines à Kalymnos, nous avons envoyé une vingtaine d’emails en vue de trouver un moyen de rejoindre la Turquie par voilier. Aux premières réponses, on nous affirme que c’est illégal et impossible. Quand nous regardons depuis la côte grecque et voyons la Turquie aussi proche (6km), nous nous disons qu’il doit bien y avoir un moyen ! Nous insistons donc dans nos demandes, longeons les ports, parlons avec les personnes à bord des bateaux, aux agences de Yacht, etc… Notre première lueur d’espoir arrive à Kos en allant chercher Duje à l’aéroport, lorsqu’on obtient le contact d’un turc qui pourrait éventuellement nous aider. « Oui, il y a des bateaux privés qui traversent, nous dit-il. Il y en a peu, mais c’est autorisé pour eux. Je peux vous organiser quelque chose, mais ce n’est pas légal d’emmener des passager… contactez-moi deux jours avant de vouloir rejoindre la Turquie. » Nous suivons son conseil et recevons la réponse que la police portuaire a changée et que ce ne sera pas possible pour nous…

Deux jours avant le retour de Duje en Suisse, nous allons boire un verre le long du port et sommes prêt à organiser notre détour de 2’000km pour rejoindre la Turquie lorsque nous voyons une femme sur un voilier… et si on tentait encore une fois ? Jackpot ! On obtient grâce à elle un nouveau contact, et enfin une possibilité de rejoindre un bateau privé pour traverser. Un bon capitaine, qui connaît bien les gardes côtes, nous dit-on. Départ prévu dans 2 jours depuis Kos, peu importe la météo. Nous attendons le ferry qui relie Kalymnos à Kos (5km) en vue de rejoindre notre capitaine, lorsque nous recevons son message : « Je dois annuler votre traversée, j’ai une urgence. Désolé. » Que fait-on ? De toute façon il pleut, autant attendre à Kos quelques jours… on ne sait jamais !

Nous voyons un voilier israélien arriver au port et décidons de lui parler. Au fil de la discussion, nous lui expliquons qu’on cherche un voilier pour aller en Turquie, il nous répond qu’il y va et qu’on est les bienvenus ! Départ prévu à la prochaine fenêtre météo. Nous apprendrons que des personnes se sont fait attrapées essayant de traverser en tant que passager et que des amendes de 5’000 euros sont données… Mais nous pouvons passer en tant qu’amis, comme si nous voyageons avec notre ami israélien, c’est la zone grise dont nous voulons profiter ! C’est ainsi que nous partons deux jours plus tard, sur une mer moyennement calme, en direction de la Turquie en espérant obtenir notre stempel sur le passeport à notre arrivée. Affaire à suivre !

Kontakt: info@theotherwayaround.ch