Turquie 

Premier kebab, première grimpe à Datça, mais toujours pas de baklava

Nous arrivons au port de Bodrum une heure après la fermeture de la douane maritime. Un ami turc ayant averti les garde-côtes de notre retard, nous avons la chance de pouvoir passer les contrôles et avoir le tampon sur notre passeport encore le soir même. Il est évident que du point de vue des garde-côtes, nous voyageons avec notre nouvel ami Tomer et ne sommes en aucun cas des passagers voulant relier la Grèce à la Turquie. Les formalités terminées, la police nous demande de déplacer le voilier car il n’y a plus de place dans le port. Cela ne plait pas à notre capitaine Tomer, qui refuse de retourner dans la mer durant la nuit avec la tempête. Finalement, nous pourrons laisser le voilier aux places officielles pour garde-côtes, entre leurs bateaux.
Lorsque nous allons au restaurant, nous repassons les contrôles de sécurité. Et devinez ce que nous avons mangé ? Un kebab ! Mais pas comme nous avons l’habitude de les avoir en Suisse : il est servi dans une assiette, avec des aubergines et de la salade. En entrée, nous découvrons les Meze (des petits plats ressemblant aux Tapas), et nous boirons une Raki (alcool). La Raki est bien différente de celle des Balkans, elle a le goût d’anis et nous fait penser à l’absinthe ou au pastis. Elle se boit avec un jus de betterave rouge. En dessert, nous n’aurons pas le droit à une Baklava, mais à une courge au sucre (très bon aussi !). Après avoir bien mangé, nous revenons au bateau, repassons les contrôles de sécurité puis dormons dans le voilier. Le lendemain matin, il est temps pour nous de repartir et dire aurevoir à Tomer, sous le regard étonné des gardes côtes. Ils se disent probablement que nous passons entre les gouttes du système lorsque nous chargeons nos vélos et que nous repassons les contrôles…
Nous prenons ensuite le bateau direction la péninsule de Datça, juste en face de Bodrum. Quelques km seulement nous séparent de notre première destination d’escalade en Turquie et nous arrivons en milieu d’après-midi au Datça Base Camp : petit camping, relativement simple mais avec tout ce qu’il faut et même ce qu’il ne faut pas, comme un chien très attiré par le confort de notre tente… si bien qu’il en fera son nouveau lit mais, à la différence de nous, ne prend pas la peine d’ouvrir la toile de l’abside pour y rentrer et se couche directement dessus. Lorsque c’est pendant la nuit, son arrivée nous réveille simplement (lorsque tu as un chien qui se couche sur toi, tu restes rarement endormi…), du coup, tu donnes quelques coups et il finit par partir ; mais lorsque c’est pendant notre absence en journée, les arceaux finissent par casser avec la pression continue… donnant lieu à un atelier réparation.
Le style de grimpe à Datça varie fortement : murs techniques à gouttes d’eau ou réglettes, mais aussi la fameuse grotte de Can Baba, avec de belles colonnettes. La partie gauche de la cave est mouillée, mais la partie droite, avec moins de colonnettes, reste sèche. Nous passons de magnifiques journées, souvent très fraiches avec de basses températures et un fort vent du nord. 

En route pour Geyikbayiri

Le froid et le vent ne voulant pas partir, nous nous décidons à partir à leur place et, le ventre bien rempli de Balkava, nous reprenons la route direction Geyikbayiri. Les coups de pédale jusqu’à Marmaris se passent à travers de magnifiques collines avec de très belles formations rocheuses. A Marmaris, nous utiliserons pour la première fois la plateforme pour cycliste « Warmshowers » (des cyclistes hébergeant des cyclistes), et nous aurons l’occasion de dormir dans un magasin de vélo. Les 300 prochains kilomètres se feront le long de l’autoroute. Les heures étant moins intéressantes et surtout monotones, le pare-boue d’Arline décidera de nous abandonner. Probablement que c’en était un peu trop pour lui… En revanche, nous avons le droit à de très beaux paysages enneigés ! Cela fait 25 ans qu’il n’a pas neigé dans cette partie de la Turquie. Nous apercevons les locaux jouer dans la neige, faire des pics-nics. Le contraste entre la mer et la neige est fabuleux et donne un air norvégien… à la différence que nous croisons de magnifiques mosquées, nous rappelant que nous sommes bien à l’est. Un jour, en haut d’un col, un berger nous proposa des oranges, puis son ami nous rejoindra nous offrant des whisky-coca. Nous ne sommes pas fans de ce mélange, mais comment refuser ?
Sur la route, pas très loin d’Antalya, se trouve le secteur d’Olympos et surtout le mur incroyable de Cennet : comme taillé au couteau, c’est probablement le mur le plus artistique que nous ayons vu, avec des dégradés rouges, oranges, bleus, verts… une vraie œuvre d’art. Nous grimpons quelques voies avec une magnifique gestuelle et beaucoup de monos !

Geyikbayiri

Les températures restent froides. Lors de la planification, nous avons choisi la Turquie pour ses températures agréables en février et mars (10 à 20 degrés). Finalement, nous nous retrouvons 75 jours avec très rarement des températures supérieures à 10 degrés, et plutôt une moyenne tournant autour des 5 degrés. Un matin, nous aurons même le droit à un orage interminable avec 10 cm de grêle, laissant une magnifique couche blanche pendant plusieurs jours.
Nous arrivons à Geyikbayiri après avoir mangé un bon Gözleme (crêpe turque avec du fromage, de la viande ou des légumes), et profitons de grimper aux faces sud qui, grâce aux faibles températures, nous offrent de parfaites conditions ! Nous restons au camping de JoSiTo, très international, et passons de très bons moments. Nous montons souvent au village, à 45 minutes de marche, pour s’approvisionner en chocolat (et en nourriture bien sûr). Nous avons au total passé 7 semaines au camping, à rigoler avec des grimpeurs des 4 coins du monde. Pendant cette période, Arline est tombée 2 fois malade et a dû faire pas loin de 2 semaines de pause. Nous trouvons de la grimpe de tous styles : des colonnettes, des réglettes, de la dalle, du dévers bien bloc… nous changeons très souvent de secteurs et apprécions de grimper le plus possible à vue (= un seul essai pour réussir à enchaîner la voie). 

Petit mot de la fin…

La Turquie était notre dernière étape en Europe. Cela fait déjà presque une année que nous sommes en route, que nous avons découvert beaucoup de pays, rencontrés plein de belles personnes et grimpé dans les secteurs dont nous avons toujours rêvé ! Bien que nous n’ayons pas eu l’occasion de s’entraîner souvent en salle, nous avons tous les deux la petite récompense d’avoir réussi à augmenter notre niveau maximal d’une cotation, et cela sans mettre plus de 5 essais dans la voie.
Maintenant il est temps pour nous d’aller visiter un nouveau continent. On vous donne rendez-vous tout bientôt depuis le Canada.


PS : Nous avons trouvé la meilleure Balkava au petit magasin en face de la mosquée du village de Geyikbayiri. Nous n’avons aucune idée par quelle boulangerie ils se font livrer, mais nous espérons que beaucoup de grimpeurs ou voyageurs auront le plaisir de les goûter !
 

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